Planche à billets et mal-investissement
La planche à billets en économie
Dans la théorie économique classique, des taux d’intérêt bas (la planche à billets en somme), une injection massive de liquidités, signifie normalement une forte inflation quelques années après. Mes professeurs d’économie lorsque j’étais étudiant entre 2008 et 2011 craignaient grandement les mesures que les banques centrales ont appliqué après la crise financière de 2008 (dite des « subprimes ») et consécutive à la faillite de la banque Lehman Brothers. Les mesures prises (quantitative easing, helicopter money), étaient sans précédent et risquaient de provoquer une inflation sans précédent, rappelant quelques heures sombres de l’histoire (hyperinflation en Allemagne ayant en partie provoqué la Seconde Guerre mondiale).
De leur côté, les banques centrales manquaient de moyens pour combattre la plus forte récession que l’économie mondiale ait connu depuis la grande dépression de 1929. Elles ont dû sortir du cadre traditionnel pour appliquer des mesures censées permettre à l’économie de repartir, quitte à s’exposer à des risques bien connus. Il y a deux manières de considérer les décisions prises à cette époque : soit les décideurs considéraient la déflation comme un danger plus grave que l’inflation excessive, soit, la récession étant déjà là, ils préféraient combattre le mal en présence immédiate au risque d’en créer un autre futur (donc une réaction à court terme sans vision de long terme). Il est fort probable que ce fut un mélange des deux …
Toujours est-il que rien de tout cela ne s’est produit. Plus de dix années durant, ni l’inflation redoutée, ni la croissance recherchée ne sont arrivées. Si la situation semble changer au niveau de l’inflation, la croissance n’a que difficilement dépassé les 2% / an (hors rattrapage post-covid) sur toute cette période.
Mais alors, que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui a mal été compris / postulé par l’économie et mis en place par les décideurs financiers ? Finalement, comment peut-on interpréter les liens entre inflation et croissance ?
Le mal-investissement, un concept peu connu.
C’est là qu’il faut introduire la notion de mal-investissement. Ce terme a beaucoup été utilisé par l’école Néo-Libérale autrichienne, afin de désigner le risque de toute action publique sur les marchés et les prix. En gros, dès que la puissance publique intervient, soit au travers d’une entreprise publique, de subvention, réglementation ou même toute politique monétaire (la planche à billets par exemple), elle fausse la vision des prix de la part des acteurs privés et génère une mauvaise allocation de leurs investissements. Vers des secteurs ne présentant en réalité que peu de potentiel, surtout une fois l’action publique terminée. Les interventions des banques centrales sont souvent aux fondements du mal-investissement selon cette école.
Néanmoins, la politique budgétaire comme la politique monétaire sont couramment utilisées par les Etats et zones monétaires pour administrer leurs pays. Et on ne parle pas souvent de mal-investissement. Au pire, les injections de liquidité des banques centrales participent aux bulles spéculatives sur un secteur (les entreprises Internet avant 2000, l’immobilier américain avant 2008), bulle qui finit toujours par éclater ou se dégonfler. Avec parfois des incitations étatiques (dans le cas de l’immobilier américain avant la crise des Subprimes par exemple). L’intervention des banques centrales peut sembler anecdotique tant la psychologie des investisseurs joue un rôle plus important que les incitations monétaires. Les bulles n’ont pas besoin des banques centrales pour se former puis éclater, et le mal-investissement intervient simplement du fait de la non-rationalité des acteurs privés (rationalité des acteurs, que l’école autrichienne considère comme un postulat dans ses théories …).
En fait, peut-être n’avait-on par le passé jamais vu de réels cas de mal-investissement. Mais le contexte consécutif à la crise de 2008 est différent. Regardons en quoi.
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