Hasard, chance et probabilités : comment prendre des décisions avisées ?
Le hasard et la chance semblent avoir de moins en moins de place dans nos vies. Pourtant, les rares recherches en matière de compréhension des phénomènes humains (souvent dans le domaine financier par ailleurs), nous amènent à penser le fonctionnement de nos sociétés comme un immense chaos dont la meilleure représentation serait la théorie mathématique de la marche aléatoire.
Comment expliquer ce décalage entre perception empirique et modélisation théorique ? Qu’est-ce que cela nous indique sur notre manière de fonctionner en tant qu’être humain ? Comment établir une boussole pour guider nos décisions de manière avisée dans ce chaos (et rapprocher la théorie de la pratique) ?
Ce sont les questions auxquelles je vais tenter de répondre ici.
Une société obsédée par le contrôle
Le point de départ de mon analyse repose dans une société dont on peut observer, à mesure que le temps passe, un rejet toujours plus grand du rôle du hasard dans nos vies.
Cela s’observe de manière globale, scientifiquement et économiquement, dans la maitrise que nous avons obtenu de notre environnement. Jamais dans l’histoire nous n’avons été aussi peu dépendant des cycles naturels. À grand renfort de technologie et d’énergie (fossile), nous avons extrait en grande partie nos sociétés du joug de la nature. Au point de déséquilibrer ces mêmes équilibres naturels desquels nous nous sommes extraits.
Le pendant économique de cette maitrise scientifique, c’est le développement de la finance. En effet, la finance est une boite à outils qui permet une forme d’anticipation de l’avenir. Que ce soit en contractant un crédit, une assurance ou en investissant, on se projette temporellement et on anticipe ce qui pourrait se passer. Ce n’est pas encore lire l’avenir, mais ça s’en rapproche. Surtout quand l’on constate la part croissante de la sphère financière dans l’économie. Cela nous indique notre propension de plus en plus importante à contrôler l’avenir d’agents économiques (nous-mêmes ou des entreprises) pour rendre notre propre avenir plus prévisible et profitable.
Dans le même temps, le développement pratique des technologies de l’information, au travers d’Internet et des réseaux sociaux, nous a amené à un niveau de mondialisation culturelle jamais atteint. Il n’a jamais été aussi simple de rentrer en contact avec un autre être humain, quelle que soit son origine géographique ou culturelle. Ces développements nous ont interconnectés à un niveau qui nous permet aujourd’hui de parler de « village monde », au sein duquel les frontières naturelles n’existent, virtuellement, presque plus. Nous pouvons donc potentiellement contrôler les individus avec lesquels nous entreront en relation, au sein du vivier quasi complet de l’humanité. Que d’opportunités potentielles qui s’offrent à nous ! Ne resterait plus qu’à les saisir …
Car en parallèle de tout cela, et de manière assez logique quand on observe cette volonté de contrôle croissante, les valeurs sociétales ont considérablement évoluées. Là où il pouvait encore y avoir débat entre individualisme et collectivisme il y a 20 ans, la balance semble clairement pencher en faveur de l’individualisme ces dernières années.
Individualisme qui va de pair avec le développement du culte de la performance. Ce culte est observable, de manière transversale, dans presque tous les domaines de la vie. À grand renfort d’application, nous pouvons « tracker » tous les aspects de nos vies : de notre vie sentimentale à notre rythme de sommeil, en passant par nos performances sportives et notre régime alimentaire. Un contrôle qui nous rendrait même, selon certaines études, obsédés par un idéal de perfection. Ce qui nuirait à notre santé mentale … Je ne rentrerai pas plus ici dans les détails de ce phénomène qui est aussi intrigant dans ses causes que ses effets, mais nécessite une analyse bien plus poussée (que d’autres ont déjà réalisé par ailleurs). Mais je vous invite à l’observer dans les domaines que vous connaissez bien par la pratique.
L’individualisme et la performance, n’est-ce pas le contrôle le plus parfait de nos propres vies (sans avoir à faire reposer notre destinée sur l’action des autres – du moins en apparence) ?
Et si c’était moi ?
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