Eldorago, produits de placement et transition énergétique
Dans l’article « Les grands enjeux de la distribution financière », nous esquissons le besoin d’un meilleur fléchage des flux d’épargne vers les entreprises et les solutions qui permettront la transition énergétique (à minima les enjeux écologiques étant beaucoup plus larges) et civilisationnelle. Dans ce même article, nous décrions le fonctionnement de la distribution financière (fût-elle verte) telle qu’elle est présente à ce jour. Et nous pointons du doigt la nécessité d’embrasser la complexité de ces problématiques, leurs liens avec nos investissements afin d’optimiser notre impact et surtout d’aligner nos investissements avec nos convictions. C’est à l’éducation financière que cette tâche revient.
Néanmoins, à eldorago, nous ne nous contentons pas de faire de l’éducation financière et d’initier à cette complexité. Nous proposons également des solutions de placements pour nos utilisateurs. Et ces solutions, pour que nous puissions les distribuer, doivent appartenir à ce même monde que nous décrions. Il est donc nécessaire d’expliquer notre ligne de conduite en la matière, et c’est l’objet de cet article.
Notre position
Que ce soit à travers de l’éducation financière ou la distribution de produits financiers, nous proposons une lecture et une appréhension des problématiques financières-environnementales qui suit les règles suivantes :
- Le moins de clivages possible. À l’inverse d’ONG ou d’entreprises se présentant comme militantes, nous sommes convaincus que la meilleure manière d’avoir un impact le plus global possible passe par l’union et non la division. Notre objectif n’est donc pas de faire du "name and shame" d’utilisateurs ou d’acteurs de la finance qui choisiraient de ne pas tenir compte de ces problématiques ou les occulteraient. Ce qui ne veut pas dire que nous les mettrions en avant pour autant. Nous ne souhaitons donc pas que nos utilisateurs trouvent uniquement du contenu ou des produits financiers correspondant à cette problématique. Par contre, ce que nous souhaitons, c’est éveiller nos utilisateurs qui ne seraient pas informés de ces sujets, ou à minima leur proposer une information à laquelle ils n’ont peut-être pas accès dans leurs cercles d’influence habituels. Ensuite, libre à eux de prendre ou rejeter cette information, nous ne sommes pas là pour juger.
- Corollaire de cette première ligne de conduite, nous souhaitons un discours de vérité. Et en la matière, force est de constater que les organismes militants pêchent, qu’ils soient associatifs ou corporatistes. Pour des raisons de marketing et d’efficacité des messages, probablement plus que par malhonnêteté intellectuelle. Mais cela, nous ne le voulons pas. Nous pensons qu’il est contre-productif de simplifier les messages ainsi que la présentation des produits que nous proposons afin de les rendre plus utiles qu’ils ne le sont réellement. Pour être plus clair, que signifie un discours de vérité dans la lutte face aux changements environnementaux ? Tout simplement, que cette lutte est une lutte contre nous-mêmes. Qu’à priori, aucun changement majeur ne viendra de l’extérieur. Que la manière d’être efficace implique un changement de nos habitudes, de nos modes de vie, de nos institutions. Que ce sera difficile à accepter, à mettre en place. Et qu’en conséquence, plus on y réfléchira, plus on le planifiera, plus on s’y préparera, moins douloureux ce sera. Même s’il s’agit ici de considérations générales, elles auront un impact sur nos finances personnelles, nos placements, la manière dont nous avons de nous projeter dans l’avenir. Ce discours de vérité fait que nous ne nous présentons pas comme un acteur de la finance verte, ce qui serait impossible en tant que conseil en investissement financier, distributeur traditionnel, quand on va au bout de ces sujets, derrière le marketing et les apparences.
L’objectif de ces deux règles ?
Tout simplement être en accord avec nos valeurs, mais également embarquer le plus de monde possible dans cette approche, chacun à son niveau. En espérant que notre impact cumulé à terme soit plus important que si nous n’avions pas existé.
Au-delà des belles paroles
Tout cela est bien beau, mais c’est très abstrait. Qu’est-ce que cela signifie en termes de placements et d’investissement ?
Simplifions la chaîne causale :
- Notre mode de vie est responsable de bouleversements environnementaux qui remettent en cause des « équilibres » précaires permettant notre survie à terme (et celle d’autres espèces).
- Toutes les activités humaines participent à notre mode de vie. Pas toutes avec la même intensité, mais nous ne pouvons en exclure aucune.
- Ce sont nos activités qui sont également la cause du niveau de richesse que nous avons atteint.
- Repenser et réduire nos activités aura nécessairement un impact sur notre niveau de richesse. Dit autrement, le gâteau à se partager sera moins gros – si l’on reste humaniste et ne souhaite pas une baisse drastique du nombre de nos semblables.
- Cette décroissance de nos activités (osons le gros mot) va impacter le rendement que nous pouvons attendre de notre épargne et de nos placements. Et pas en bien : de cette situation découleront quelques gagnants et beaucoup de perdants et il est impossible de savoir lesquels (nous parlons ici en termes d’entreprises et de secteurs d’activités, base de nos investissements). Les stratégies traditionnelles de diversification des investissements risquent fort de se révéler inutiles.
- Les labels et autres solutions de placement actuelles se présentant comme vertes ajoutent des conditions de sélection des entreprises aux méthodes traditionnelles évoquées ci-dessus mais ne les remplacent pas. Conséquence : la diversification prime dans les politiques de gestion des fonds d’investissements soi-disant utiles dans la transition, diluant leur impact qui en devient marginal – quand il n’est pas anecdotique ou discutable.
De cette chaîne causale, que nous détaillerons dans bien d’autres articles, que ce soit au niveau individuel (nos placements) ou collectif (le fonctionnement de l’économie), découle un fait : il n’existe à ce jour aucun placement agréé par l’AMF, donc distribuable par les intermédiaires tels qu'eldorago ou par un quelconque banquier, qui soit réellement efficace et prépare un monde fonctionnant différemment.
Une fois cela posé, comment affronte-t-on cette situation assez sombre quand on est une plateforme évoluant dans le secteur des finances personnelles ?
Il y a plusieurs manières. Certains évitent le sujet ou en parlent sans faire de lien avec leur activité. C’est en quelque sorte la politique de l’autruche ! D’autres utilisent le cadre des labels et de la finance verte existant à ce jour pour se spécialiser en tant qu’acteur de la transition. Ce qui, à nos yeux, est au minimum trompeur, éventuellement contre-productif.
Vous l’aurez compris, une de nos règles étant le discours de vérité, nous ne souhaitons ni l’un, ni l’autre. Nous voulons participer à penser au-delà de ce que le cadre réglementaire propose en finance. Cela, nous pouvons le faire dans le cadre de nos contenus et de l’éducation financière. Mais nous ne pouvons pas le faire dans le cadre de la distribution de produits financiers.
Epargne et consommation
Notre argent, nous pouvons soit le consommer (c’est-à-dire acheter des biens et des services) soit l’épargner (c’est-à-dire le « garder » pour plus tard). Lorsque nous le consommons, nous satisfaisons un besoin immédiat. Lorsque nous épargnons, nous différons un besoin que nous pourrions satisfaire par de la consommation immédiate. Mais lorsque nous changeons nos habitudes pour que notre mode de vie ait un moindre impact sur l’environnement, nous nous « privons » de la même manière que lorsque nous épargnons. L’acte d’épargne n’est donc pas si éloigné de l’acte de consommation (ou de non-consommation) pour préserver la planète.
À la différence que si l’acte d’épargne est une privation individuelle, elle peut soutenir, selon sa destination, des activités qui participent aux problèmes environnementaux ou qui participent à leur solution (ce n’est pas aussi manichéen en vrai, mais l’idée de la finance verte est là). Donc la privation n’est pas, en soi, ni positive ni négative collectivement, à l’inverse d’une privation de consommation.
Autre différence, l’épargne possède obligatoirement une dimension supplémentaire par rapport à la consommation : celle du temps. Au-delà de sa dimension statique, l’acte d’épargne implique une projection temporelle, une dimension dynamique là où la consommation est statique uniquement.
Dit autrement, les placements et l’investissement sont liés à l’anticipation, les actes de consommation nécessaires pour atténuer les problèmes environnementaux sont liés à l’adaptation. Mais l’adaptation, si l’on veut qu’elle ne soit pas trop brutale, nécessite également une anticipation. Elle n’est pas intimement liée à l’acte de consommation, mais dans le cadre d’un changement drastique de nos modes de vie, elle est fortement recommandée. À l’instar d’un sevrage.
Ici encore, les différences apparentes entre épargne et consommation se dissipent à l’aune de la lutte contre les problèmes environnementaux. L’épargne reste plus complexe à appréhender car des choix sont à faire de manière statique (où va mon argent ?) et de manière dynamique (que ferais-je de mon argent plus tard ?), mais une adaptation optimale de nos modes de vie devrait nous inciter à adopter également l’anticipation dans notre manière de consommer.
Du coup, ne peut-on pas inverser cette perspective ?
Et considérer que l’anticipation qui va de pair avec les placements pourrait être mise à profit de l’adaptation nécessaire aux actions progressivement plus impactantes pour limiter les conséquences des problèmes environnementaux ?
De chacun selon ses moyens
Cela signifie optimiser l’impact que l’on peut avoir avec son épargne en fonction de sa situation. Un individu de 25 ans qui démarre dans la vie active aura un faible stock d’épargne. Tout affecter à des solutions vraiment efficaces à l’instant T le priverait probablement 1) de préparer ses éventuels projets et 2) d’avoir un impact plus important en T+1 grâce à son épargne amplifiée par des placements plus traditionnels. Un individu de 60 ans avec une épargne déjà bien développée qui sera financièrement « à l’abri » et soucieux de son impact pourra par contre aisément prendre ces risques via son épargne et lui donner du sens par là même. Peut-être pas la totalité de son épargne, mais une partie conséquente.
C’est un peu comme ces spécialistes du climat à qui l’on reproche de prendre l’avion pour alerter sur les conséquences du changement climatique. Il est vrai qu’ils ne montrent pas l’exemple et qu’ils aggravent le problème à l’instant T (c’est la vision statique). Mais si au travers de ces voyages, ils ont la certitude d’éviter une quantité plus importante d’émissions de CO² future grâce à la sensibilisation des personnes qu’ils ont rencontré ? Faut-il les blâmer ? Nous ne le pensons pas. Faut-il les en empêcher ? Surtout pas !
Poser le problème de cette manière, en prenant en considération l’aspect statique et l’aspect dynamique, en s’exonérant de l’aspect éthique qui parfois est contre-productif, permet de prendre les décisions qui sont les plus rationnelles. Et qui augmenteront nos chances de réussir à nous adapter sans trop de casse aux changements qui nous attendent.
Oui, mais alors, doit-on accepter tout type d’investissement, même le pire, à la seule condition qu’il soit le plus rentable possible ? Doit-on écarter toute considération éthique pour la seule raison qu’elle limite notre efficacité ? Dans ce cas, autant ne même pas se poser les questions de la finance verte aujourd’hui ! Investissons dans les industries les plus rentables même si elles sont les plus polluantes et nous verrons dans 10 ou 20 ans pour investir dans des éoliennes et des panneaux solaires.
Ce n’est pas non plus notre position, mais nous nous gardons de tout jugement, car peut-être que cette approche se révèlera la plus efficace au final. Comme souvent, ce n’est jamais ni noir ni blanc, mais une subtile nuance de gris. S’il est vrai que les investissements réellement impactants font peser des risques sur l’épargne (et le rendement lié) de ceux qui y investissent, la réciproque n’en est pas pour autant exacte. Ce n’est pas parce que j’investis dans un producteur de pétrole que mon investissement sera plus rentable que dans une entreprise spécialisée dans le recyclage ! Secteur d’activité et performance financière ne présentent pas souvent des corrélations claires. Il y a donc toute la place qu’il faut pour générer de la performance financière en dehors des secteurs controversés.
Il existe à ce jour une quasi-infinité de possibilités d’investissement dans des entreprises et ou des secteurs qui, bien que n’étant pas cruciaux pour l’avenir, n’aggravent pas non plus la situation. En gros, ils ne seront peut-être plus là en 2050, mais ils ont encore de belles années devant eux d’ici là. Les gagnants ne sont pas connus mais ne seront pas forcément ni les entreprises considérées comme le « mal », ni celles considérées comme le « bien ».
Même pour des entreprises dont on peut mesurer l’impact négatif, il y a une myriade de situations qui nuancent le clivage bien/mal. Et en allant au bout de ce raisonnement, même des entreprises comme Total ont un rôle à jouer dans la transition et nécessiteront des actionnaires et des créanciers activistes pour impulser certains changements. En gros, y investir pourrait même faire partie de la solution.
Et qu’en est-il de notre offre de placements ?
Revenons-en à notre politique de distribution. Vous l’aurez compris, nous ne souhaitons pas nous appuyer outre mesure sur ce qui existe en matière de finance verte compte tenu de leur approche trop superficielle. Nous ne voulons pas non plus l’exclure tout comme oublier toute considération morale ou éthique à ce sujet. Nous souhaitons par ailleurs mettre à disposition des solutions de placement pour tout type d’investisseurs, qu’ils soient au début de leur cycle de vie ou en fin. Qu’ils souhaitent donner un sens à leur épargne ou que cette préoccupation ne soit pas (encore) à l’ordre du jour pour eux. Sans pour autant sélectionner des produits de placement présentant les pires pratiques.
Pour traduire cette complexité et cette subtilité, nous avons mis au point une matrice de sélection multifactorielle qui nous permet d’appréhender de la manière la plus holistique possible les différents enjeux que nous avons évoqués (plus d’autres qui sont propres à l’expérience que nous souhaitons que vous ayez en tant qu’investisseur). Au sein de cette matrice, nous évaluons 6 critères :
- L’adéquation à l’offre : un besoin = un produit.
- La performance technique : le produit permet-il une digitalisation à la hauteur de nos ambitions ?
- La performance sociétale et environnementale : c’est ici que nous tenons compte des labels, mais également de ce qui est mis en place en dehors. Certains produits ne disposent pas de labels, mais proposent une gestion allant parfois plus loin en termes d’impact.
- La performance financière : le placement proposé est-il bien géré et permet-il à l’investisseur des perspectives de rendement intéressantes ? Ceci dans l’absolu, mais également par type de placements afin de ne pas pénaliser des placements alternatifs qui, par définition, seront moins rentables que des placements traditionnels mais plus impactants.
- La performance entreprise : À quel niveau sommes-nous rémunérés pour distribuer ce produit ?
- L’adéquation à la vision : nos ambitions sont-elles compatibles avec celles de la société de gestion gérant le placement ?
Dans l’objectif de limiter notre offre à une vingtaine de produits, nous serons par ailleurs amenés à faire évoluer les placements que nous distribuons. En fonction de la demande de nos utilisateurs, de notre méthode et des opportunités qui surgiront sur le chemin. Ce qui implique que ces critères seront également amenés à évoluer, ainsi que les placements que nous distribuons.
Vous avez des idées ? Nous sommes bien évidemment preneurs 😉.
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