Gestion active, le salut viendra-t-il de l'impact ?

Par François GALVIN  •   Publié le jeudi 25 avril 2024
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Si l’on considère les deux enjeux de la distribution financière moderne, y a-t-il une place pour la gestion active ?

 

Pour l’enjeu de la baisse des coûts, il semble clair que la gestion active ne permet pas d’obtenir un rendement satisfaisant à long terme au regard des frais prélevés. Cette question ne semble même plus faire débat.

 

Par contre, s’agissant du second enjeu, celui du fléchage des flux financiers pour nous permettre de faire face aux immenses enjeux sociétaux auxquels nous sommes déjà (et nous seront encore plus) confrontés, la gestion discrétionnaire humaine pourrait avoir sa place. Dit autrement, la question de l’impact pourrait tout à fait redonner de l’utilité et de l’importance à une gestion humaine des fonds d’investissement.

 

Mais tout d’abord, regardons où en est la gestion passive et active vis-à-vis de l’impact à ce jour.

 

 

Gestion passive et impact

 

La gestion passive, dont le principe consiste à répliquer les indices, ne peut pas à en tant que telle participer à la réduction de l’impact des activités humaines sur les limites planétaires par la sélection discrétionnaire d’entreprises vertueuses. Par contre, les indices créés le peuvent à partir du moment où ils sont répliqués par un ETF. Et des indices « durables », il en existe aujourd’hui un certain nombre. Mais il est d’abord important de rappeler cette différence fondamentale, cette dépendance à l’indice et aux data permettant sa construction ainsi que son évolution.

 

Ainsi, il existe aujourd’hui par exemple des indices dits PAB, ou alignés sur l’accord de Paris. En théorie donc, les entreprises qui composent ces indices (et donc financées par les ETF les répliquant) sont censées avoir une trajectoire d’émission de CO² cohérente avec une augmentation des températures globales de 1.5° en 2050. Passons sur le fait que les émissions de Co² ne soient qu’une des limites planétaires et que les indices ne s’intéressent pas beaucoup aux autres. À partir de là, deux options. Faire confiance à l’indice (comme à un label) ou regarder sous le capot et constater quelles entreprises en font partie.

 

Là, on constate que les entreprises dans lesquelles ces fonds investissent sont loin d’être « vertes ». Pour des indices mondiaux, on va y retrouver des géants de la tech tels que Microsoft, Nvidia ou Tesla, des entreprises de grande consommation telles que Coca Cola ou Walt Disney, avec souvent en prime une grosse représentation des acteurs de la finance. Pour les indices Européens, ce sera plutôt des acteurs des banques également, des acteurs du luxe ou encore des laboratoires pharmaceutiques. Au milieu de tout cela, seulement quelques acteurs pure player des énergies renouvelables tels que Vestas par exemple. Mais ils sont vraiment minoritaires. En fait, on y trouve de nombreuses entreprises que l’on retrouve déjà dans d’autres indices (PAB ou pas) et d’autres fonds gérés activement. La seule différence, une exclusion de certains acteurs tels que les producteurs pétroliers. Mais pour la majorité des entreprises qui composent ces indices, on a du mal à voir comment elles pourraient avoir leur place dans un monde sobre et décarboné … on est assez loin des besoins « de base ».

 

La faute aux critères ESG qui pilotent la présence ou non de ces entreprises au sein des indices et donc des ETF qui les trackent. Ces critères sont attribués par des sociétés indépendantes qui peuvent faire preuve d’une grande créativité dans leurs notations (et de différences considérables entre elles). La faute également à un univers d’investissement qui n’est clairement pas constitué d’acteurs « essentiels ». Mais cet univers est également le reflet de la société et de l’économie que nous avons développé. Et le principe d’un indice, c’est de référencer les acteurs les plus performants financièrement parlant modulo quelques inputs tels que les trajectoires annoncées d’émission de CO² pour les indices PAB par exemple. Rien de plus.

 

Là, on se dit que ETF et investissement à impact ne vont pas de pair. Bien que ce ne soit pas la faute des ETF en tant qu’outil, mais des critères de durabilité (notes ESG) qui ont été attribuées à ces entreprises, couplés à un univers d’investissement qui reflètent le monde économique d’avant, celui qui nous a amené à la situation où nous en sommes aujourd’hui. 

 

Notons tout de même que n’importe quelle entreprise peut créer un indice (et donc les ETF le répliquer). En conséquence, nous pourrions créer un indice avec des critères de sélection hyper exigeants. Mais je pense que l’on se heurterait à la limite de l’univers d’investissement. Et la plus-value d’un indice, c’est de mettre en lumière les meilleurs élèves parmi de très nombreux candidats. Si les candidats ne plus qu’une poignée, l’indice perd de son sens et de son utilité. Mais cela reste tout de même une piste à creuser.

 

 

La suite de cet article est reservée aux membres du club eldorago.

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