Investissement, impact et la notion de progressivité

Par François GALVIN  •   Publié le vendredi 16 août 2024
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Ce que je vous propose ici est la vision de l’économiste de certains aspects des problématiques environnementales. Cela peut paraitre froid et impersonnel. Mais ce type de vision a le mérite de penser les problèmes de manière rationnelle, analytique. Une manière d’optimiser nos ressources pour réussir le plus grand défi auquel l’humanité n’a jamais fait face.

 

Avant de démarrer, plusieurs préliminaires qui nous seront utiles par la suite : 

 

  • Les placements réellement utiles dans le cadre de la transition sont moins rentables que ceux qui ne le sont pas (du moins à ce jour). Nous vivons dans une économie qui, globalement, ne tient pas compte des externalités environnementales. Le logiciel économique commence à peine, en Europe, à calculer ces externalités (CSRD). Mais pas encore à en payer le prix. Toute volonté de ne pas en générer implique donc des couts supplémentaires. Ce qui rend moins rentables les entreprises réellement durables. Et c’est pareil pour tous les autres placements à partir du moment où leur performance est fonction, directe ou indirecte, de l’activité humaine (livrets, immobilier, …). Seuls peut-être les actifs naturels sortent un peu de cette logique car moins dépendants à l’activité humaine pour constituer leur performance. Je ne pense malheureusement pas que la sobriété tant nécessaire puisse oublier le volet financier de l’économie. Donc rendre son épargne utile, ça a un cout (si ça vous intéresse, je développe ici).

 

  • J’invoque ici deux dimensions (déjà développées ici également) : la dimension individuelle / collective et temporelle (statique / dynamique). La première va donner deux approches différentes de l’investissement (argent privé / argent public) et la seconde la profondeur d’analyse qui est propre à l’investissement (ce qu’il se passe à l’instant T / et T+1 quand je « récupère mes fonds »).

 

Maintenant que ces éléments sont posés, passons à l’analyse.

 

En matière environnementale, lorsque l’on souhaite « faire sa part », tel le colibri, il est d’usage d’y aller à fond ! Difficile en effet, quand on prend conscience des problèmes et de la complexité de leur solution, d’accepter mentalement la dissonance d’actions non alignées avec son « objectif ». Alors en pratique, on préfère souvent fermer les yeux sur ce qui ne va pas dans nos actions, sachant que vivre en « net 0 » serait impossible ou presque dans nos sociétés modernes.

 

Mais toujours est-il que les conseils et guides pratiques sont sans concession car la demande est là. Et que l’on accepterait probablement moins des solutions nuancées, plus réalistes, mais dont on n’est pas vraiment sûr qu’elles aillent à 100% dans le bon sens. Quitte à ne mettre en pratique les conseils que partiellement. Ici, je parle de domaines pratiques de la vie comme la gestion de son alimentation, de ses déchets ou encore de ses voyages. 

 

Parce que quand il s’agit de l’épargne (ou plus généralement des flux d’argents), c’est le monde des bisounours. On se repose sur les réglementations très partielles (et souvent partiales), des labels rendant visibles les « bons produits » financiers ou encore, au niveau des états comme des entreprises, sur des plans à long terme dont on est bien incapables de les mettre en œuvre au quotidien. Le marketing est pleinement à l’œuvre et contrairement aux domaines de la vie pratique exposés brièvement au-dessus, on ne cherche pas réellement l’impact sans concessions. Probablement du fait de l’abstraction du volet financier de nos vies, complexe à appréhender et qui n'intéresse pas grand monde …

 

On est donc assez loin des conseils radicaux qui peuvent être proposés dans d’autres domaines de la vie (si vous voulez une version radicale de l’épargne environnementale, rdv ici). Mais quelque part, ce n’est peut-être pas plus mal. Pas d’un point de vue intellectuel, puisque ce qui se fait est largement hypocrite. Mais d’un point de vue pratique. Parce que l’épargne porte en elle une dimension temporelle que les autres domaines pratiques n’ont pas à prendre en considération.

 

En effet, quand on met de l’argent de côté, l’idée est de l’utiliser dans le futur. Ce qui n’est pas le cas de nos choix de consommation, de la gestion de nos déchets, … Cette projection temporelle s’accompagne d’une incertitude liée à la fois à l’usage des fonds que l’on en aura (bien que des fois un projet précis soit à l’origine de l’épargne), d’une incertitude sur l’usage que vont avoir mes fonds d’ici que je les récupère et d’une incertitude sur l’évolution de mon argent entre temps (valeur).

 

Car habituellement, lorsque l’on met de l’argent de côté, on s’attend à en récupérer plus à la sortie. On accepte souvent les trois incertitudes vues au-dessus moyennant la « promesse » que l’on aura plus d’argent quand on en aura besoin. Nul besoin de vous expliquer que si comme je pense l’épargne réellement responsable sera moins rentable, la volonté d’impact de son épargne va se confronter à l’attente de rentabilité de son placement.

 

Ce qui m’a inspiré cette réflexion relative à la progressivité (qui d’ailleurs peut s’étendre à d’autres domaines au sein desquels l’impact différé sera plus grand que celui de l’action immédiate). Et de parler d’impact différé. C’est une approche dynamique de la situation, prenant en compte d’autres intérêts que la seule lutte contre le changement climatique. De ce fait, elle peut paraitre plus complexe et moins efficace de prime abord, mais je pense qu’il faut à minima en tenir compte.

 

Ce point de vue s’éloigne de l’urgence de la situation. Qui reste néanmoins urgente. Mais apporte une notion qui manque souvent aux considérations écologiques : l’optimisation. Si pour des gestes du quotidien, l’optimisation n’implique pas de report temporel, ce n’est pas forcément le cas avec l’argent. Voyons comment.

 

 

Au niveau individuel : de chacun selon sa situation (1)

 

De manière très pragmatique, partant du principe que le but principal de l’épargne est de disposer de plus de moyens financiers dans le futur, flécher l’épargne de manière utile dans le cadre la transition pose un problème de taille : cela exclut ceux qui ne disposent pas encore d’épargne.

 

Car il y a une sorte de cycle de vie de l’épargnant. Lorsque l’on débute dans la vie professionnelle, nous sommes en phase de création de patrimoine. Puis de consolidation, et enfin, de transmission. 

 

Celui qui ne dispose pas encore de ressources financières importantes aura plus d’impact en générant d’abord un patrimoine puis en l’orientant. En gros, on peut soit 1) diriger toute son épargne maintenant vers de l’impact (avec plus de risque, moins de liquidité et potentiellement moins de rendement) ou 2) diriger progressivement les investissements vers l’impact, mais faire du traditionnel le temps de générer son patrimoine. De cette manière, les fonds adressés vers l’impact seront optimisés. Et l’impact de l’investissement également à terme. Agir dans l’urgence indépendamment de sa situation générera des problèmes pour préparer son avenir et minimisera l’impact que l’on pourra voir.

 

De ce point de vue là, il y aurait un alignement d’intérêts entre le rôle que représente l’investissement pour des individus en phase de construction de patrimoine et l’impact que l’on peut avoir à terme avec un patrimoine constitué.

 

Il y aurait un autre intérêt à procéder de la sorte. Pour ce qui est de l’investissement dans des entreprises « game changer » (pas pour des investissements d’ores et déjà « neutres » tels que les actifs naturels), nombre de réglementations et d’innovations ne sont pas encore matures. En conséquence, plus les efforts d’incitation publique et les innovations technologiques progresseront avec le temps (du moins, il faut espérer …), plus il y a de chances que les investissements réalisés soient utiles et efficaces dans la lutte contre le changement climatique.

 

En effet, nous n’en sommes malheureusement qu’aux prémices de la nécessaire évolution des modèles économiques d’entreprise, qui n’intègrent pas à ce jour (de manière obligatoire) les externalités négatives causées à l’environnement. Les entreprises qui en prennent compte (et ont donc un temps d’avance sur la réglementation et/ou les normes comptables) se retrouvent désavantagées vis-à-vis des autres, dans la mesure où cette prise en compte se traduit par des prix de vente des produits ou services plus importants. Ce simple fait rend plus fragiles ces entreprises qui auront plus de mal à trouver des clients, et nombre d’entre elles ne survivront malheureusement pas.

 

Les financer dès aujourd’hui est nécessaire (de ce fait), mais le risque est beaucoup plus important qu’il ne le sera demain si toutes entreprises sont contraintes aux mêmes efforts de prise en compte des dommages causés à l’environnement liés à leur activité. Enfin il faut espérer, car dans le cas contraire, nous n’arriverons probablement pas à enrailler la dynamique actuelle. Et pour des patrimoines non encore constitués, faire un « all in » sur des entreprises réellement « game changer » est un risque qui peut mettre à mal le futur de l’épargnant s’il perd l’intégralité de ses économies.

 

Par contre, des personnes en phase de consolidation / transmission seront beaucoup plus à même de prendre ces risques dès aujourd’hui. Avec une surface patrimoniale plus large, donc un impact plus important (plus de fonds à y allouer en valeur) et un risque moindre (une moindre proportion à y allouer en volume). 

 

Les incitations fiscales sont par ailleurs en partie déjà adaptées à ce type de profils. Les investissements forestiers donnent droit à un abattement de 75% sur les droits de succession (moyennant des engagements sur la bonne gestion des forêts). Ce sont clairement les patrimoines en phase de transmission qui sont visés. Idem pour les investissements dans les jeunes entreprises innovantes (JEI) qui donnent droit à une réduction d’impôts sur le revenu de 30 à 50% des sommes investies. On regrettera tout de même que ce statut de JEI ne cible pas spécifiquement les jeunes entreprises œuvrant dans le secteur de la lutte contre le changement climatique. Mais nombre d’entre elles en font également partie. 

 

 

Au niveau collectif : la décroissance rationnelle

 

Ce raisonnement, bien que pas « jusqu’auboutiste », est également tout à fait entendable au niveau collectif. Notamment sur un sujet central, celui de la (dé)croissance économique. 

 

Pour bien comprendre le parallèle entre le niveau individuel (l’épargne) et le niveau collectif (la décroissance), il faut les percevoir tous deux comme un investissement au sens absolu du terme, non financier. C’est-à-dire comme un effort que nous faisons aujourd’hui au profit des générations futures. Comme nous l’avons vu au-dessus, l’investissement individuel (épargne) au service de l’environnement requiert à ce jour une moindre recherche de rendement, une plus grande acceptation des risques et une moindre liquidité. Il en est de même au niveau collectif. N’en déplaise aux défenseurs de la sobriété heureuse, la cure d’amaigrissement de notre économie sera collectivement douloureuse. Pas pour tous, certes, mais pour la plupart d’entre nous. Accepter d’avoir moins est psychologiquement très compliqué. C’est ce qu’on mit en lumière les psychologues expérimentaux Daniel Kahneman et Amos Tversky au travers de l’aversion à la perte (Kahneman, D. & Tversky, A. (1979). Prospect Theory: An Analysis of Decision under Risk. Econometrica 47, 263-291). Nous sommes, en moyenne, deux fois plus sensibles aux pertes qu’aux gains. C’est en investissement que ce phénomène a été mis en lumière. Dans ce contexte, ce trait de fonctionnement explique que nous n’acceptions que difficilement la prise de risque (ou alors pour des rendements potentiels très importants). Mais il s’applique (à minima) à tous les autres domaines pécuniaires. Et il pourrait participer à expliquer pourquoi nous sommes, au niveau macro, addicts à la croissance économique.

 

Et cette « addiction » engendre un besoin de progressivité pour se « sevrer ». Que ce soit psychologiquement, comme vue avec l’aversion à la perte, ou même dans la structure de notre société.

 

Nos institutions dépendent tellement de la croissance qu’il ne serait ni réaliste, ni humaniste de changer de système « d’un coup ». Par exemple, notre système de protection sociale (et au-delà toute la sphère publique française) dépend en grande partie de notre capacité à lever de la dette publique. Depuis bien longtemps déjà, les recettes fiscales ne couvrent plus les dépenses. Nous dépendons de notre capacité à lever de la dette publique afin 1) de financer le déficit public que génère ce décalage et 2) refinancer notre stock de dette existant. Si du jour au lendemain nous décrétions décroitre (ce qui est purement hypothétique car ce n’est pas aussi simple …), cela équivaudrait pour nos créanciers d’abandonner tout espoir ou presque de voir la dette remboursée. Ce qui pourrait impliquer une impossibilité de faire appel aux deux mécanismes vus ci-dessus, et donc un régime d’austérité comme nous n’en avons jamais vécu (puisqu’il faudrait se limiter aux recettes fiscales). Hors hypothèses d’argent magique telles qu’exposées par certains (recouvrement intégral de l’évasion fiscale, faire tourner la planche à billets, …) dont la faisabilité est plus qu’improbable (et les effets plus qu’incertains).

 

Une autre manière de percevoir à un niveau plus « micro » ce qu’une acceptation / promotion ouverte d’une décroissance globale générerait se situe au niveau des banques et des crédits. En tant que particuliers, il semble peu probable qu’il soit encore possible de faire appel au crédit bancaire sur une durée de 25 ans pour acheter sa résidence principale dans un tel contexte, par exemple. En effet, les revenus réels, sur une telle durée, seront amenés à décroitre. Donc le remboursement deviendrait plus hypothétique au fil du temps. Idem pour la garantie. La banque ne pourrait pas compter sur la valeur du prix du bien couvrant le montant de la créance, puisqu’elle serait amenée à diminuer en toute logique, avec la diminution de la taille du gâteau économique global.

 

Aller vers la décroissance, de manière sélective, petit à petit est une meilleure option. Par contre, il ne faut pas faire ce que l’on fait depuis un certain temps déjà, c’est-à-dire tenir compte sans engager d’actions concrètes ou utiles et surtout, ne pas utiliser les marges de manœuvre dégagées pour agir. Et réussir à tenir un plan d’action à moyen / long terme, ce qui est peut-être, tant psychologiquement qu’opérationnellement, le plus difficile compte tenu du clientélisme et des agendas politiques qui rythment les grandes orientations que nous prenons collectivement.

 

C’est d’ailleurs la thèse défendue par les économistes « analytiques », tel que Christian Gollier, co-auteur des 4è et 5è rapports du GIEC mais également dirigeant de la Toulouse School of Economics : Plutôt qu’une décroissance globale décrétée d’une manière dont on ne saurait comprendre comment elle pourrait-être mise en place si ce n’est de manière autoritaire (par qui ? Comment ?) et présentée comme heureuse par la création d’un « homme nouveau » qui se contenterait de peu, il prône une « décroissance sélective » ancrée sur les activités fortement émettrices de CO2 par l’instauration d’une taxe carbone. Qu’il qualifie de « décroissance rationnelle » (Gollier C. (2021) « Le climat après la fin du mois » – p101). L’usage de la taxe carbone serait d’autant plus efficace qu’elle pourrait permettre la progressivité des prix des biens et services concernés à mesure que les dommages environnements (les externalités négatives) augmentent. Et donc une maitrise « simple » de la décroissance et de son rythme, en incitant les consommateurs faire usage des biens et services générant peu ou pas d’externalités négatives, sans pour autant les contraindre. Ce qui permettrait une optimisation du coût social de la décroissance, tout en générant des recettes fiscales autorisant des transferts pour amortir les inégalités générées par le renchérissement des prix des biens et services concernés.

 

Cette approche est d’ailleurs de la « décroissance sélective ou rationnelle » est d’ailleurs assez proche d’une autre approche un peu moins analytique, celle de l’économiste Kate Raworth, spécialisée dans l’étude des défis sociaux et environnementaux. Elle prône un agnosticisme vis-à-vis de la croissance (Raworth, K. (2017) «  La théorie du donut », p376-439). Dans le chapitre final de son ouvrage, elle présente une approche qui se veut, ni ouvertement pour ni contre la croissance. Bien que son étude se veuille principalement théorique sur le sujet (elle ne préconise pas de moyen d’y arriver, elle tente de penser un monde post croissance), elle rejoint l’idée de décroissance sélective, puisque la décroissance n’est pas posée en tant que telle comme un objectif. Qu’au final, l’économie soit en croissance ou en décroissance importe peu. Ce qui importe, c’est que les activités humaines impactent le moins possible négativement notre environnement (et pour Raworth, qu’elles diminuent les inégalités et régénèrent la nature…).

 

 

En conclusion : Problèmes dynamiques et solutions simples

 

C’est bien connu, les problèmes complexes n’ont pas de solution simple. Avec les dégâts environnementaux liés aux activités humaines, le problème n’est pas seulement complexe, il est également dynamique. C’est-à-dire qu’il ne s’entend pas de manière immédiate mais en se projetant dans le temps. Les efforts que nous devons consentir profiteront avant tout aux générations futures. Bien que nous soyons en face du plus grand problème auquel l’humanité ait pu faire face, nous avons du mal à le considérer comme tel en partie pour cette raison. 

 

C’est pour cela que les plus farouches défenseurs de la planète mettent en avant les dommages et dangers immédiats. Pour que l’on prenne conscience de l’urgence. Mais c’est également pour cela que les climatosceptiques utilisent des comparaisons historiques pour décrédibiliser le message et nier le problème.

 

En effet, il y a urgence. Car ce sont les actions que nous engageons maintenant (et à l’avenir, à défaut de pouvoir remonter le temps) qui détermineront l’ampleur du phénomène et conditionneront la vie des générations futures sur notre belle planète.

 

Pour autant, il ne faut pas céder aux sirènes de l’immédiateté. Car ce serait une utilisation non optimale des ressources à notre disposition (indirectement issues de notre exploitation actuelle et passée des énergies fossiles). Ces ressources, aussi mal acquises soient elles, sont celles qui nous permettront d’amortir l’impact social de la nécessaire transition énergétique et sociétale.

 

Cela vaut au niveau individuel, par l’affectation de nos flux d’épargne. Mettre en danger un patrimoine en construction pour avoir l’esprit tranquille peut se comprendre mais est extrêmement risqué pour sa propre sécurité financière. Mieux vaut garder cette dimension de l’impact en ligne de mire et y affecter progressivement une part croissante de son patrimoine à mesure qu’il se constitue. En outre, cette approche pourrait s’avérer globalement plus efficace avec un effet volume de capitaux alloués plus important à terme, et un éventail de possibles qui se sera enrichi avec le temps, les réglementations et innovations. 

 

Cela vaut également au niveau collectif, notamment vis-à-vis de la croissance économique et des ressources budgétaire à la disposition de l’Etat. Arborer une farouche hostilité vis-à-vis de la croissance peut sembler l’approche la plus efficace. Pour autant, notre société est addicte à la croissance et le sevrage demandera probablement du temps. Plutôt que d’appliquer une cure d’amaigrissement stricte et indifférenciée, mieux vaut cibler les secteurs les plus néfastes et en accroitre le cout.

 

Ce qui est intéressant, c’est que les discours les plus partagés sur ces deux niveaux d’investissement ne sont pas ceux présentés dans cet article et ne sont pas orientés dans le même sens. Pour le niveau individuel, l’impact des produits financiers durables existants est surestimé. Sans tomber dans le greenwashing (même si l’on n’en est pas loin), peu nombreux sont ceux qui prônent un impact sans concessions au travers de ses placements. De l’autre côté, au niveau collectif, prôner des changements drastiques immédiats est plutôt en vogue, quitte à ne pas analyser en profondeur l’impact social que tels changements impliqueraient. 

 

Par contre, qu’il s’agisse de minorer (pour le niveau individuel) ou de maximiser l’impact (pour le niveau collectif), la notion de progressivité n’est pas bien intégrée. J’y vois à la fois une difficulté à prendre en compte la dimension dynamique propre à ces problématiques, mais également une facilité à accepter des sacrifices collectifs plus importants que ceux auxquels on consent individuellement. Sans pour autant se représenter ce que les sacrifices collectifs impliqueraient pour chacun d’entre nous.

 

 

 

(1) Il est important de considérer que le niveau individuel ne concerne que les foyers en capacité d’investir. 42% de la population française (Baromètre AMF de l’épargne et de l’investissement 2023, 12/2023, p10) dispose de moins de 25 000 euros d’épargne, logiquement investis sur des livrets bancaires. L’analyse présente ici ne concerne que l’autre part des foyers. Elle n’est donc pas généralisable à l’ensemble de la population, mais peut permettre d’aider à orienter les capitaux privés d’où ils se trouvent vers des actifs clés dans le cadre de la transition.

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